LE BLEU
La couleur bleu est vraisemblablement d'abord celle des armoiries, qui n'apparaissent dans l'usage militaire qu'au xii eme . La couleur d'azur est connue comme celle des armes des branches cadettes de la famille royale, en particulier celles de Raoul 1er de Vermandos, « échiqueté d'or et d'azur », entre 1135 et 1145. À la fin du xii eme, l'azur, couleur du ciel et symbole de grandeur spirituelle, apparaît sur un nombre croissant de blasons et donne son aspect au blason royal, à trois fleurs de lys d'or sur fond d'azur
LE BLANC
Le blanc est la couleur traditionnellement associée à la monarchie française, à tel point qu'après la Révolution, elle incarnera le monarchisme traditionnel. Cette association ne date que de la fin du xvi eme siecle, même si elle continue une série de traditions plus anciennes. Elle provient de l'adoption par Henri IV de l'écharpe blanche (le fameux panache blanc) comme signe distinctif des armées royales par opposition à celles, rouges ou vertes, des Espagnols et des Lorrains. Il faisait en fait de la couleur du parti huguenot , auquel il avait appartenu avant son accession au trône, celle de la France. Ses successeurs prendront soin de taire cette origine protestante pour insister au contraire sur son caractère catholique.
Depuis les croisades , le blanc faisait partie du répertoire monarchique. Les croisés français se distinguaient des autres en arborant une croix blanche. Ce n'est pourtant que depuis 1300 que cette couleur a commencé à s'imposer comme symbole du royaume : on la porte d'abord en bande ou en croix latine, comme lors des guerres de Flandre. Ainsi, au début de la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304, les chevaliers français se ceignent d’écharpes blanches de rencontre comme signe de ralliement juste avant la bataille.
La guerre de Cents Ans lui donne une place symbolique importante sous la forme de la croix blanche, opposée à la c croix rouge d'Angleterre : jean Ier d'Armagnac, en 1355, exige de ses soldats de porter une croix blanche sur la frontière de Guyenne. Durant l'été 1417, devant la menace des troupes anglaises d Henri V qui combattaient avec l'emblème de la croix rouge, les habitants d' Orléansse préparèrent à défendre leur ville et ceux en état de prendre les armes reçurent l'ordre de porter notamment une heuque (tunique) bleue marquée sur la poitrine d'une croix blanche. En 1418, le dernier fils de Charles VI, devenu le dauphin l'année précédente, adopta sur ses étendards l'image de saint Michel armé terrassant le dragon et fit de l'archange le protecteur de la France. L'emblème des combattants français fut donc appelé la croix blanche de saint Michel (symbole de lumière opposé au rouge sang) et, réciproquement, l'archange fut représenté avec cette croix. Jeanne d'Arc adopta également un étendard blanc frappé de symboles mariaux.
Cette opposition entre croix rouge anglaise et croix blanche française s'insinua dans les conflits annexes, comme celui entre Armagnacs et Bourguignons : les seconds, alliés des anglais, portaient le sautoir écouté rouge sur fond blanc tandis que les premiers, farouchement opposés aux Anglais, avaient repris la croix blanche et l'écharpe assortie.
Sur les tuniques et les étendards, la croix blanche devint le symbole de l'armée française et le resta jusqu'à la Révolution.
LE ROUGE
La couleur rouge est la couleur de l' oriflamme. Selon Colette Beaune, le don divin de l'oriflamme à Clovis est mentionné pour la première fois dans une oraison funèbre1 de 1350 puis repris dans une Chronique universelle du début du xv eme siécle
En réalité, l'orme it originairement la bannière de l' abbaye dez Saint-Denis ; les comtes du Vexinla portaient à la guerre comme avoués de cette abbaye prestigieuse fondée par Dagobert I er. Quand en 1077 , Philippe eut réuni les Vexin francais au domaine royal, il hérita aussi du droit de porter l'oriflamme qui par la suite figura à côté de la propre bannière de France. Usurpé par les prétendants anglais au trône de France, le port de l'oriflamme est abandonné par Charles VIIau profit de l'étendard de Saint Michel, et cessa par la suite d’apparaître exclusivement.
En janvier 1188, lors d'une entrevue près de Gisors, l'archevêque latin de Tyr s'adressa à Philippe Auguste de France, Henri II d' Angleterre et Philippe I er comte de Flandre et les convainquit de participer à une nouvelle croisade pour secourir la Terre sainte ; il fut convenu que les Français arboreraient une croix rouge sur fond blanc, les Anglais une croix blanche sur fond rouge, et les Flamands une croix verte sur fond blanc. À la fin du xive siècle au plus tard, l'usage changea dans le cadre de la guerre de Cent Ans, quand les Anglais s'approprièrent la croix rouge (en partie pour renforcer leurs prétentions au trône de France) et que les Français choisirent eux d'arborer la croix blanche (rappelant la vassalité du roi d'Angleterre).
Le rouge fleurdelysé d'or a été choisi comme étendard des galères royales alors que les vaisseaux royaux arboraient le blanc fleurdelysé d'argent.